Le "plombage" ou amalgame dentaire était le matériau de choix pour réparer de petites à moyennes caries il y a plus d’une vingtaine d’années. Mais il s’est aussi imposé malgré lui pour les grosses réparations car il était économique et rapide à mettre en place.
Il n’est pas rare d’observer dans la bouche de nos patients des dents restaurées par de volumineux amalgames, souvent anciens.
Ces « plombages » ont la particularité de mal vieillir, ils s’usent, se fracturent mais surtout fragilisent les dents sur lesquelles ils ont été posés.
La casse inévitable du vieux plombage
L’amalgame dentaire, composé de métal, a la propriété de se dilater sous la pression exercée par la mastication. Cette dilatation dépend du volume de la restauration : plus la restauration est volumineuse, plus la dilatation est élevée.
Lorsque le plombage se dilate, il effectue une expansion latérale sur les parois naturelles de la dent.
Après des millions de cycles de mastication cela provoque des fissures sur les parois naturelles de la dent support, conduisant bien souvent à la fracture de la dent au bout de quelques années. Dans le meilleur des cas, un morceau de la dent se casse. Dans le pire des cas, un morceau plus gros se fracture, entraînant avec lui la racine, la dent est alors non réparable.
Comment reconnaître un ancien plombage qui fatigue ?
D’abord visuellement, lorsqu’un plombage occupe plus de 50% du volume de la dent et que des fissures sont apparues sur le plombage mais aussi sur les parois naturelles de la dent. La radiographie montre bien souvent une dent dévitalisée, une perte d’étanchéité et parfois un déplacement de l’amalgame dans son logement d'origine.
Pourquoi m’a-t-on placé de si gros plombages ?
La taille de la restauration découle par définition directement de l’étendue de la carie qui a été nettoyée.
Autrefois les dentistes ne disposaient pas d’assez de recul pour connaître les risques de telles réparations. Le plombage était une solution rapide et peu coûteuse pour réparer une dent, le dentiste et le patient trouvaient leur compte dans ce matériau : facilité de mise en place pour le dentiste, rapidité et économie pour le patient.
"Le cas typique que nous rencontrons est la carie rapide d’une première molaire définitive lors de l’enfance, « l’erreur de jeunesse », le dentiste n’a pas osé proposer aux parents une couronne pour reconstruire la dent de leur enfant. De plus, des mauvaises interprétations de la législation amènent à croire qu’il n’est pas autorisé à faire de tels actes chez les enfants."
Que faire pour prévenir d’une fracture de la dent ?
Pour les petits amalgames qui représentent moins de 25% du volume de la dent, il y a très peu de risque de fracture. Il n’y a donc pas à intervenir, l’amalgame peut durer encore plusieurs dizaines d’années s’il est en bon état.
Pour les amalgames volumineux, entre 25 et 50% du volume de la dent et qui présentent des signes de fatigue, la dépose est conseillée, afin de remplacer par une restauration de type onlay en céramique.
Pour les amalgames très volumineux, plus de 50% du volume de la dent, il est recommandé de déposer l’amalgame et de renforcer la dent avec une couronne en céramique. Aucune autre restauration n’est envisageable.
Le fait de remplacer les plombages par des restaurations en céramique permet d’optimiser les forces s’appliquant sur la dent. La céramique est un matériau solide qui ne se dilate pas lors de la pression exercée par la mastication. Lorsque des fissures sont apparues sur les parois de la dent, la nouvelle couronne va les recouvrir et agir comme un coffrage autour de la dent, empêchant les fissures d’évoluer.
Et les composites volumineux ?
Si les composites, ou résines, ne se dilatent pas lors de la pression, ils sont tout aussi fragiles lorsqu’ils sont très volumineux. Bien souvent c’est une contraction lors de leur mise en place qui va rendre vulnérable la dent support. La contraction est minime lorsque le composite est petit, mais très importante pour les résines volumineuses.
Au final, nous sommes confrontés aux mêmes problèmes que pour les amalgames, si ce n’est que les composites volumineux sont très peu étanches dès les premiers mois.
Ce qu’il faut retenir
Pour assurer une réparation dentaire durable et fiable, il est nécessaire de bien respecter les indications pour chaque type de matériaux :
Composite pour les caries atteignant des volumes jusqu’à 25% de la dent
Inlay ou onlay entre 25 et 50% de la dent
Couronne au delà de 50%
Si ces conditions ne sont pas respectées alors la dent est soumise à des contraintes mécaniques anormales qui provoqueront une fracture tôt ou tard ainsi que des pertes d’étanchéité.
Pourquoi faut-il mieux prévenir que guérir ?
Il est plus facile pour le dentiste d’intervenir sur une dent encore en « bon état » qu’une dent fracturée. Une dent facturée peut être douloureuse, souvent le patient consulte en urgence et la gencive saigne. La fracture peut être sous le niveau de la gencive, ce qui complique la tache.
Parfois lorsque le plombage n’est pas changé à temps, la fracture peut être trop sévère et atteint la racine. La dent est alors non récupérable et doit être extraite.
J'ai plusieurs plombages à changer : que conseillez vous ?
Bien souvent les cas ne sont pas isolés dans une bouche. Si changer tous les gros plombages par des restaurations en céramique peut s’avérer coûteux, il peut être judicieux d’étaler les « travaux » dans le temps. Le dentiste peut alors commencer par une ou deux dents la première année, les plus critiques, puis en faire d’autres les années suivantes.
Les cas de fractures provoquent souvent un « effet domino » dans la bouche. Tout va bien jusqu’au jour ou une dent se fracture, la mastication est reportée sur les autres dents, qui encaissent plus de forces masticatoires et qui se fracturent à leur tour, fatiguées.
C’est pourquoi la prévention n’est pas à négliger.